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jeudi 28 mars, 2024

La petite mosquée de Paris et le CFCM

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Source : www.cfcm.tv

François Fillon avait répondu en se disant « très attentif à ce que la communauté musulmane d’origine algérienne soit bien représentée (…) et que la Grande Mosquée de Paris conserve des responsabilités essentielles au sein du Conseil français du culte musulman ».

gmp-cfcm.jpg La grande mosquée de Paris (GMP) comme la mosquée de Lyon avaient appelé au boycott des élections du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), qui se sont quand même tenues le 8 juin 2008. A ce titre nous rappelons que l’article 6 du règlement électoral du CFCM n’a pas été respecté (voir : Les élections du 8 juin ne sont pas conformes au règlement électoral du CFCM).

Ces appels au boycott étaient « motivés » par une dénonciation unanime du système de scrutin du CFCM qualifié d’anti-démocratique et d’anti-représentatif. Ce système électoral était jugé injuste et inique, faussant ainsi le poids de la sensibilité de la grande mosquée de Paris en termes de représentativité.

Le mot d’ordre a été suivi dans toutes les régions de France par les mosquées affiliées à la Fédération Nationale de la Grande Mosquée de Paris, ainsi ces mosquées n’ont pas participé aux scrutins des conseils régionaux du culte musulman (CRCM) du 8 juin 2008.

Quelles sont les conséquences directes de cette non-participation au niveau des CRCM ?

Les CRCM sont les articulations régionales du CFCM. Les élus des CRCM, composent l’assemblée générale du CFCM ainsi qu’une grande partie de son conseil d’administration.

Il y a 25 conseils régionaux du culte musulman en France desquels la Grande Mosquée de Paris est TOTALEMENT absente à cause justement de son appel au boycott. En effet aucune liste de la Grande Mosquée de Paris n’a été déposée pour le scrutin du 8 juin 2008. Par conséquence, aucun de ces 25 CRCM NE PEUT se prétendre représentatif , ou prétendre rassembler en son sein les différentes sensibilités religieuses. C’est un fait majeur qu’il ne faut pas passer sous silence.

Par un effet mécanique, aucun membre de la Grande Mosquée de Paris ne siégera à l’assemblée générale du CFCM ainsi qu’à son conseil d’administration (41 personnes + 17 membres cooptés). La Grande Mosquée de Paris a bel et bien déserté le CFCM ou presque.

Deux ou trois canards boiteux dans la troupe du CFCM

Les textes fondateurs du CFCM prévoient deux places de droit pour la Grande Mosquée de Paris et une place pour la Grande Mosquée de Lyon au conseil d’administration. Sachant que les membres du conseil d’administration ont la possibilité de se retrouver au bureau exécutif du CFCM ou au sein d’une de ses commissions (Audiovisuelle, Halal, Pèlerinage, Communication, Aumônerie, etc). C’est cette porte dérobée qui est aujourd’hui au cœur de la polémique qui secoue la base sympathisante ou militante de la GMP, cette base qui voit d’un très mauvais œil le fait que la GMP et la Mosquée de Lyon comptent occuper ces places qui lui reviennent de droit.

Souvenez-vous, c’était le 3 mai 2008 que la Grande Mosquée de Paris avait réuni son bureau exécutif pour décider à l’unanimité qu’elle ne participerait pas au scrutin du 8 juin. C’était une décision très importante sachant les répercussions que cela allait occasionner au niveau des 25 CRCM de France. A ce moment précis, la base militante pensait tout simplement que cet appel au boycott signifiait le retrait total de la GMP du CFCM. Et la base avait raison de penser ainsi car cela allait de soi, c’était une conséquence logique, cohérente et de bon sens. C’était même une question d’honneur au regard de la majorité silencieuse des musulmans de France qui ne voit dans ce CFCM qu’une usurpation de sa représentation.

On ne peut pas d’un côté pointer du doigt le caractère inique du système électoral, et d’un autre le cautionner en occupant 2 sièges au sommet de la pyramide du CFCM.

On ne peut pas d’un côté demander à la base militante d’être absente des structures régionales du CFCM, et d’un autre s’octroyer le droit de siéger au bureau de la structure nationale.

Aujourd’hui, il est compréhensible que les sympathisants de la GMP se sentent trahis, floués et déshonorés.

Mais est-ce que la base compte-t-elle vraiment aux yeux de la GMP ?

Si aujourd’hui la Mosquée de Paris est aussi faible et fébrile dans le paysage musulman de France c’est justement parce qu’elle refuse de s’appuyer sur sa base, parce qu’elle pense que sa symbolique historique se suffit à elle-même. Son nombrilisme et sa structure dynastique dénués de raison ont fini par la rendre complètement aveugle. Son mépris de la compétence, son refus de concertation avec la base, quand il s’agit de prendre des décisions importantes, ont fini par l’amener dans l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui. Comment se fait-il que l’appel au boycott ait été décidé par le conseil exécutif de la FNGMP et non par le conseil d’administration ?

Le conseil d’administration lui n’aurait pas omis de préciser dans le procès verbal de séance, ainsi que dans un communiqué de presse, l’interdiction pour la GMP de siéger au bureau national du CFCM, et exiger la démission de la GMP du CFCM afin de souligner la cohérence et l’honneur de sa démarche.

Il faut également souligner que le bureau exécutif de la FNGMP est composé d’une majorité de membres non élus par la base mais plutôt imposés par ses textes statutaires concoctés dans l’arrière-chambre de la GMP. Ces membres non élus du Bureau de la FNGMP sont tous des fonctionnaires salariés et membres de la société des habous, association gestionnaire de la GMP.

Ce qui importe pour les hauts responsables de la GMP est avant tout la défense de leurs privilèges mondains et financiers qui ne profitent aucunement à la base ou aux fédérations régionales.

Pourquoi Dalil Boubakeur n’a pas voulu que la GMP se retire du CFCM ?

La GMP fait partie des membres fondateurs du CFCM, structure politique mise en place par Nicolas SARKOZY en 2002 pour créer l’illusion d’une représentation et d’une reconnaissance du culte musulman par la République française. De part le mode de scrutin insultant et imposé à cette structure (voir : Bientôt les élections du CFCM. Que faudrait-il changer ? ), il relève de la démagogie que de qualifier le CFCM de représentatif, et l’on ne peut prétendre à une quelconque reconnaissance digne de ce nom, quand on impose une démocratie au rabais à la communauté musulmane de France.

D’ailleurs les pays musulmans et non-musulmans du monde entier devraient se pencher un peu plus près sur la réalité organique du CFCM, sur son mode de scrutin, et juger par eux-mêmes si cette institution française est conforme aux idéaux démocratiques, au soi-disant respect du culte musulman, prônés sans cesse par la France. Ils vont être déçus de constater que les surfaces des tapis de prière priment sur les fidèles musulmans quant à la détermination du nombre d’électeurs et au choix des représentants du CFCM. Aux temps des colonies, on ne faisait pas pire en matière de mépris à l’égard des indigènes. Mais l’indigénat moderne ne dérange pas « nos supers représentants » à la tête du CFCM et des fédérations « musulmanes » de France qui continuent de cautionner cette structure.

Si la GMP et la Grande mosquée de Lyon, n’ont pas renoncé à leurs places de membres fondateurs du CFCM, refusant de démissionner, c’est peut être tout simplement parce qu’ils auraient pris le risque d’être punis par Nicolas SARKOZY, père protecteur du petit jouet, le CFCM, qu’il a crée de ses propres mains. Politiquement parlant, c’eût été un coup dur pour le président de la République que la disparition du CFCM.

La punition suprême pour ces deux mosquées aurait pu être le retrait de leurs privilèges concernant la délivrance et la gestion des cartes de sacrificateurs pour le marché du Halal, privilèges accordés par décret ministériel. Il existe actuellement 3 mosquées en France disposant d’une exclusivité pour délivrer des cartes de sacrificateurs, il s’agit de la mosquée de Paris, de la mosquée de Lyon et de la mosquée d’Evry, présidée par Khalil Merroun. Aucune autre mosquée de France ne peut délivrer ce type de carte qui est obligatoire pour les abattoirs salariant des sacrificateurs musulmans, et positionnés dans le marché du halal. Ces cartes se monnaient et de juteux contrats s’opèrent entre ces 3 mosquées et les abattoirs de France travaillant dans le domaine du « Halal ». Il s’agit là d’une manne financière pour ces 3 mosquées, qui peut s’élever à plusieurs millions d’euro par an. Jusqu’à ce jour aucune enquête sérieuse n’a été menée dans ce domaine hautement lucratif.

La deuxième punition que l’on peut imaginer aurait été l’éviction de CHEMS Eddine Hafiz, avocat et haut responsable de la GMP, du poste de président de l’association «Vivre de l’islam» « Vivre l’islam » qui produit et diffuse, le dimanche matin sur France 2, une émission du même nom.

A l’époque, pour récompenser les services rendus au ministère de l’Intérieur par maître Hafiz, qui avait réussi à dissuader Dalil Boubakeur de boycotter l’Istichara (la consultation) et de démissionner de la présidence du CFCM, Nicolas Sarkozy l’avait proposé, en 2003, pour le poste de recteur de la mosquée de Paris. Poste que Boubakeur était invité à abandonner pour s’occuper du CFCM à plein-temps. Pour compenser l’échec de cette proposition, maître Hafiz, un bon ami de Nicolas SARKOZY, avait été nommé président de « Vivre l’islam ».

Un trône, des sièges et deux strapontins

Certains commentateurs ont vu dans l’appel au boycott de la FNGMP, une stratégie consistant à faire pression sur le Ministère de l’Intérieur, afin que ce dernier intercède auprès des autres fédérations pour que Dalil Boubakeur puisse briguer un troisième mandat en tant que président du CFCM.

Nonobstant la réalité insultante du système de scrutin, aujourd’hui nous pouvons donner crédit à cette hypothèse. Cependant il convient de faire la part des choses entre la bonne intention de la base des sympathisants de la GMP, qui dans les régions sont allés au bout de leurs démarches, dans un esprit de cohérence, de franchise et d’honneur, et le cynisme et la petitesse des responsables du bureau exécutif de la FNGMP.

Effectivement la base de la GMP a boycotté les élections, et de ce fait elle est totalement absente des CRCM. Les membres de l’exécutif, eux, ont élaboré de sombres calculs, en trompant leur base, pour être présents au bureau du CFCM.

Sachant qu’il n’était plus possible d’obtenir le trône du CFCM, ni les sièges confortables des deux derniers mandats, le bureau de la GMP a, contre toute attente, adopté une posture «aplaventriste», et, on ne peut plus honteuse, pour se retrouver in fine avec 2 strapontins au bureau du CFCM. Le premier strapontin est occupé par Chems Eddine Hafiz en tant que 2e vice-président, et le deuxième occupé par Slimane Nador en tant que simple membre. Où est l’honneur ? où est la dignité ? où est la cohérence ?, s’exclame la base.

Toutefois, il convient de souligner l’honorabilité et le courage de 2 membres du bureau exécutif de la FNGMP, réunis le jeudi 19 juin dernier, qui étaient seuls contre 15 à s’opposer à l’idée que la GMP siège au CFCM. Les 2 présidents de régions qui ont marqué leur désapprobation sont : Kamel CHIBOUT, président de la FR-GMP du grand EST, et Missoum CHAOUI, président de la FRGMP de la région Ile de France.

Nous rappelons que les instances dirigeantes (Bureau et Conseil d’administration) du CFCM sont composées de 58 membres. Le poids de la mosquée de Paris dans cette configuration s’apparente plus à une quantité négligeable qu’à une place essentielle.

C’est un petit clin d’œil à François Fillon qui, lors de son déplacement à Alger ce samedi 21 juin, répondait maladroitement à son ex-homologue algérien Abdelaziz Belkhadem se souciant de la juste et équitable représentation au sein du CFCM de la communauté musulmane d’origine algérienne de France. François Fillon avait répondu en se disant « très attentif à ce que la communauté musulmane d’origine algérienne soit bien représentée (…) et que la Grande Mosquée de Paris conserve des responsabilités essentielles au sein du Conseil français du culte musulman ».

Peut être que le Premier Ministre français voulait blaguer afin de détendre la lourde ambiance qui pesait sur les réels objectifs de son déplacement, à savoir : charmer l’Algérie pour qu’elle participe au sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM), qui se déroulera à Paris le 13 juillet, la veille de la fête nationale.

B.S

Rédaction

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1 COMMENTAIRE

  1. Dés l’orignine le cfcm n’était pas légitime car LA CHARTE DU CULTE MUSULMAN signé avec Charles Pasqua n’a pas été dissoute.
    Dans le département du Loir et cher, j’ai toujours refusé de reconnaitre cette structure artificielle…
    Je me présente toujours comme le représentant du Recteur de la Mosquée de Paris au grand dam des autorités locales et nationales.
    Pourquoi ne pas rélancer cette CHARTE ????
    Au nom de la laïcité et de la séparation de l’église et de l’état !

    Houari Benyagoub

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