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samedi 9 novembre, 2024

Algérie – le général-major Ali Ghediri à nouveau condamné

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Ali Ghediri, ancien général-major, a été condamné par la cour d’Alger à une peine de six ans de prison pour avoir « porté atteinte au moral de l’armée en temps de paix ». C’est un cas peu courant en Algérie, car généralement, lors des procès en appel, la peine prononcée en première instance est soit confirmée, soit réduite.

Depuis juin 2019, Ali Ghediri purge une peine de quatre ans à la prison de Koléa pour avoir, lors d’une interview accordée au quotidien El Watan fin 2018, appelé l’institution militaire à s’opposer au cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika qui se profilait alors.

Le 13 juin prochain, date à laquelle il aurait achevé sa peine, l’ancien candidat à la présidentielle avortée d’avril 2019 aurait pu recouvrer sa liberté. Cependant, le verdict de la cour d’appel d’Alger, rendu dans la nuit du 16 au 17 mai, le maintient en prison jusqu’en juin 2025. De plus, il lui est également privé de ses droits politiques et civiques pendant cinq ans.

Lors de son procès, Ali Ghediri a nié l’accusation de « portée au moral de l’armée ». Il a déclaré : « On ne peut pas influencer les armées par de simples déclarations. Je n’ai exprimé que mon opinion. Je ne pouvais pas rester inactif face à ce qui se passait dans mon pays. Nous étions au bord du précipice. On voulait à nouveau placer [l’ex-président Abdelaziz Bouteflika] en fauteuil roulant à la tête de l’État. » Aux environs de 3h00 du matin, l’ancien haut gradé a quitté la salle d’audience et a été reconduit à son lieu de détention à bord d’un fourgon de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), sous les encouragements de sa famille.

« Un procès inique »

Les avocats de Ali Ghediri, ayant pressenti lors des réquisitions du parquet que la peine serait aggravée, ont vivement dénoncé lors de leurs plaidoiries un procès marqué par l’injustice. L’un d’entre eux s’est indigné en déclarant : « Le réquisitoire du procureur repose sur un écrit de presse autour duquel on a bâti une histoire qui ne tient pas la route. Rien dans les faits ne cadre avec l’accusation ».

En octobre 2022, suite à un appel introduit par ses avocats, la cour suprême a renvoyé le dossier de l’ancien général-major devant la chambre criminelle de la cour d’Alger. Sa défense espérait le voir comparaître à nouveau en liberté et acquitté. Cependant, la rapidité avec laquelle une date d’audience en appel a été fixée a suscité l’inquiétude de la défense de Ghediri et de ses proches. Son nom ne figurait pas sur le calendrier de programmation de la session d’appel publiée en avril dernier, et il a été ajouté ultérieurement par le greffe. « C’est très étrange. Une session spéciale a été créée pour lui », a confié un membre de son collectif de défense.

Cette programmation impromptue a conduit sa famille à affirmer, quelques jours avant le procès, à travers les réseaux sociaux, que « leur seule préoccupation était qu’Ali Ghediri recouvre sa liberté », loin de toute ambition politique. De nombreuses vidéos diffusées sur YouTube ont en effet suggéré que l’ancien général-major souhaitait se réengager en politique à sa sortie de prison.

Arrêté à son domicile le 12 juin 2019, ce haut gradé qui a dirigé pendant quinze ans la direction centrale des ressources humaines du ministère de la Défense nationale, était initialement poursuivi pour « participation à la fourniture d’informations préjudiciables à l’économie nationale à des agents étrangers », notamment à une certaine Sephora Cohen, ainsi que pour « faux et usage de faux ». Ces accusations, finalement annulées par la chambre d’accusation de la cour d’Alger, étaient étayées selon l’accusation par sa rencontre étrange avec l’homme d’affaires Hocine Gasmi en septembre 2018.

Un soutien encombrant

À cette époque, Hocine Gasmi, se présentant comme chef de parti politique, avait offert son aide au général-major Ghediri, un novice en politique sans aucun soutien partisan, pour collecter les 5 000 signatures nécessaires à sa candidature à l’élection présidentielle. Convaincu par les nombreuses photos des personnalités influentes du système qui ornaient les murs du bureau de Gasmi, Ghediri avait accepté cette proposition.

Cependant, un problème est survenu : selon le dossier judiciaire, Hocine Gasmi était en réalité un individu ayant des antécédents judiciaires, se cachant derrière une fausse identité, Hocine Gouasmi, afin de créer un parti politique appelé le Forum de l’Algérie de demain et se rapprocher de hauts responsables algériens. Lors du procès en appel, il était également sur le banc des accusés et sa peine a été alourdie, passant de 10 à 12 ans de détention.

Rédaction

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