Algérie - retailleau, le pen, macron

Depuis le retrait fracassant de son ambassadeur de Paris, l’Algérie montre qu’elle n’a pas besoin de gestes belliqueux pour exposer les failles d’un gouvernement français en pleine déroute. Par une série de communiqués officiels émanant du ministère des Affaires étrangères, Alger réagit avec froideur aux provocations incessantes d’une classe dirigeante française, qu’elle juge paniquée et incohérente. La stratégie algérienne, subtile et efficace, fait fi des mesures de rétorsion spectaculaires, préférant un art de la réponse qui met en lumière l’enlisement d’un pouvoir vacillant.

Dans ce climat de tensions exacerbées, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, se distingue par un activisme anti-algérien particulièrement virulent. Depuis l’affaire impliquant le youtubeur algérien Doualemn, il n’a cessé de s’immiscer dans le domaine des affaires étrangères – un secteur qui dépasse de loin ses prérogatives – pour s’en prendre ouvertement à l’Algérie. Pour lui, cette ancienne colonie est devenue le bouc émissaire idéal d’un gouvernement français qu’il accuse d’être en perte de repères. Aligné avec l’extrême droite, à l’image de figures telles que Marine Le Pen, Retailleau multiplie les attaques acerbes et se pose en défenseur intrépide d’un nationalisme exacerbé, usant d’un ton corrosif pour dénoncer ce qu’il qualifie de soumission française face à un « dictateur d’Alger ».

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Alors que le président Macron se trouve à Londres, absorbé par des négociations avec ses homologues européens pour tenter de réparer les dégâts d’une Ukraine en plein conflit – dans une Europe durement éprouvée par une Russie qui semble tirer son épingle du jeu – Retailleau orchestre un véritable show politique à Paris. Au cœur de cette mise en scène, la fuite d’un document soi-disant confidentiel vers la presse alimente les spéculations sur une manœuvre ourdie en coulisses, destinée à afficher une posture résolument anti-algérienne. Ce document, loin d’être un simple outil de chantage, apparaît comme l’instrument d’une stratégie politique savamment orchestrée. Il propose une série de sanctions destinées à forcer l’Algérie à reprendre ses ressortissants frappés par l’OQTF, une mesure que ses détracteurs qualifient de puérile et risible, évoquant des stratagèmes grotesques qui masquent l’incapacité d’un gouvernement à gérer des affaires internationales d’une réelle complexité.

La divulgation de ce document soulève de nombreuses interrogations sur les motivations profondes qui animent l’extrême droite française. En affichant une posture belliqueuse envers l’Algérie, le ministre espère non seulement prouver sa loyauté envers des courants politiques radicaux, mais également s’imposer en tant que porte-voix d’un nationalisme agressif en vue de l’échéance présidentielle de 2027. Il se présente ainsi comme le seul capable de redresser ce qu’il considère être l’honneur bafoué de la France, dénonçant avec virulence les manœuvres qu’il attribue aux responsables du Quai d’Orsay et même au président de la République, qu’il accuse de céder face aux pressions étrangères. Ce décalage entre ses ambitions personnelles et la réalité politique nationale est au cœur d’une lutte de pouvoir qui en dit long sur l’état de la politique française actuelle.

Face à une déconvenue politique de taille, Retailleau a également cherché à détourner l’attention de l’opinion en s’attaquant à des opposants politiques. La députée de la France Insoumise, Rima Hassan, reconnue pour ses prises de position pro-palestiniennes, s’est retrouvée dans le collimateur du ministre. Usant des mêmes procédés virulents qu’il avait déjà employés contre des intervenants algériens aux répercussions moindres, il n’a pas hésité à critiquer ses propos avec une virulence déconcertante. Parallèlement, profitant de l’inexpérience de son Premier ministre en matière de politique étrangère, Retailleau s’est autoproclamé conseiller, usurpant ainsi un rôle que, selon lui, auraient dû assumer ses prédécesseurs notoirement anti-algériens. Lors d’une récente conférence de presse, il s’est même permis de jouer les « souffleurs », se présentant comme le bras droit indispensable dans une situation qu’il juge critique, soulignant ainsi l’ampleur de ses ambitions et son désir de faire de l’Algérie le pivot d’un conflit interne aux multiples ramifications.

Pour Emmanuel Macron, la priorité reste désormais de restaurer un semblant de cohésion au sein d’un gouvernement qui semble sur le point de s’effondrer. S’appuyant sur des alliances de dernière minute et sur l’influence grandissante de figures comme Marine Le Pen, l’exécutif tente tant bien que mal de contenir ce qui pourrait être perçu comme une débâcle imminente. La perspective d’un renversement par Jean-Luc Mélenchon, bien que caricaturale selon certains commentateurs, alimente les craintes d’un effondrement total de l’édifice républicain.

Pendant ce temps, l’Algérie observe cette cacophonie avec une froide satisfaction. Sans jamais avoir besoin de forcer la main, elle met en lumière l’enlisement d’un système français jugé décadent depuis l’ère Macron. La riposte algérienne, à la fois subtile et mesurée, dévoile les contradictions d’un pouvoir qui se débat dans ses propres faiblesses et offre ainsi une démonstration éclatante de la capacité d’Alger à faire vaciller la France sans bouger le petit doigt. Cette situation, où un document confidentiel devient le levier d’une lutte de pouvoir interne, illustre parfaitement la fragilité d’un gouvernement déchiré par des divisions idéologiques. En usant de tactiques agressives et en se positionnant en sentinelle de l’honneur national, Bruno Retailleau incarne une force politique radicale qui, par ses actions, alimente un climat de tension grandissante avec l’Algérie. Dans ce théâtre de l’absurde où les enjeux géopolitiques se mêlent aux ambitions personnelles, la riposte algérienne apparaît comme une démonstration silencieuse mais efficace de l’art de la désescalade, exposant et exploitant les failles béantes d’un pouvoir en déroute.

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