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lundi 18 mars, 2024

Nos ancêtres de Tin Irifi (Tin Errif) et l’emblème national algérien

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Pour les berbéristes éradicateurs, les laïcistes intégristes et les francophiles chauvinistes, Gaïd Salah est en train de violer la Constitution pour défendre son clan (sous-entendu les Chaouis). Il ne fait que bafouer les principes communs des Algériens (origines berbères) en instrumentalisant les articles de la Constitution qui lui conviennent.

On retrouve le même discours et la même rhétorique dans presque tous les médias francophones. Ils refusent l’arbitrage de la Constitution, ils refusent le dialogue avec les représentants légaux des institutions sur pied et ils refusent que l’armée défende la légalité constitutionnelle et fixe le processus électoral comme sortie de crise. Ils refusent l’ANP qui ne leur cède pas le pouvoir et n’impose pas un état de siège pour maintenir intacts les privilèges de la nomenclature « intellectuelle » et médiatique.

Que dit la Constitution algérienne dans son Chapitre 1 sur l’Algérie ?

Article 1er.L’Algérie est une République Démocratique et Populaire. Elle est une et indivisible.

Art. 5. — La capitale de la République est Alger.

Art. 6.4

L’emblème national et l’hymne national sont des conquêtes de la Révolution du 1er novembre 1954. Ils sont immuables.

Ces deux symboles de la Révolution, devenus ceux de la République, se caractérisent comme suit :

  1. L’emblème national est vert et blanc frappé en son milieu d’une étoile et d’un croissant rouges.
  2. L’hymne national est «Qassaman» dans l’intégralité de ses couplets.

Les berbéristes éradicateurs, les laïcistes intégristes et les francophiles chauvinistes nous disent dans une énième tentative de désinformation et un rebond infini de syllogismes fallacieux : le pouvoir transgresse une nouvelle fois la loi fondamentale et n’a de cesse de menacer les manifestants. Or, ce que doit comprendre le général c’est que la constitution algérienne consacre dans le préambule et l’article 3 bis, l’ancienneté amazighe des Algériens et la signalétique de la langue amazighe. On ne voit plus dans le commandement supérieur de l’armée des Algériens appartenant à l’Algérianité, mais des non berbères (sous-entendus non kabyles). En 1992, l’armée était acclamée lorsqu’elle a été instrumentalisée pour réprimer les islamistes, le pouvoir était soutenu lorsqu’il faisait des concessions pour diviser les Algériens, acheter la paix sociale et corrompre les élites majoritairement opposées aux valeurs nationales d’arabité et d’islamité. Les faiblesses de Chadli et errements de Bouteflika nous ont fait entrer dans l’histoire à reculons et nous ont légué un champ de mines culturelles et linguistiques :

Que dit la Constitution algérienne dans son Chapitre 1 sur L’Algérianité et la langue ?

Art. 2 — L’Islam est la religion de l’État.

Art. 3 — L’Arabe est la langue nationale et officielle.

L’Arabe demeure la langue officielle de l’État. Il est créé auprès du Président de la République, un Haut Conseil de la Langue Arabe. Le Haut Conseil est chargé notamment d’œuvrer à l’épanouissement de la langue arabe et à la généralisation de son utilisation dans les domaines scientifiques et technologiques, ainsi qu’à l’encouragement de la traduction vers l’arabe à cette fin.

Sur l’Islam religion de l’État, je me suis prononcé en mon âme et conscience : l’Etat, est par sa définition moderne ou ancienne, le monopole des armes (violence), le monopole de la fiscalité et le monopole de la monnaie. L’État algérien a perdu le monopole et il faut reconstruire l’Etat et revoir une autre formalisation et une autre conception de la souveraineté de l’Etat et de son monopole. Ce monopole est contre la Sunna de Dieu qui veut qu’il n’y ait pas de contrainte en matière de religion, car la foi relève de la conviction, l’obéissance aux prescriptions religieuses, de la conscience, la civilisation relève de la diversité et de la pluralité dans un cadre des libertés et des responsabilités sans exclusion ni totalitarisme :

لَا إِكْرَاهَ فِي الدِّينِ ۖ قَد تَّبَيَّنَ الرُّشْدُ مِنَ الْغَيِّ ۚ فَمَن يَكْفُرْ بِالطَّاغُوتِ وَيُؤْمِن بِاللَّهِ فَقَدِ اسْتَمْسَكَ بِالْعُرْوَةِ الْوُثْقَىٰ لَا انفِصَامَ لَهَا

{Pas de contrainte en religion ! Désormais le sensé se distingue de l’insensé. Celui qui rejette les fausses divinités (Tâghout) et qui croit en Dieu a saisi l’anse la plus solide, qui n’a point de fêlure. 2-255

Ni l’État, ni un parti politique ni une rente religieuse ne doit instrumentaliser la religion ou contraindre un individu sur le plan dogmatique ou rituel. Chacun est libre de croire en ce qu’il veut et d’aimer qui il veut à condition de ne pas transgresser ni de profaner les vies, les biens, les croyances, les libertés et la pudeur. Ce n’est donc pas, sur le plan principiel, la vocation de l’État de s’occuper de religion ou de rites. Chaque communauté de foi doit s’occuper démocratiquement de l’exercice de son culte et de ses rites, chaque imam doit répondre juridiquement à l’État et moralement à ses fidèles. C’est à la communauté de foi de construire ses savoirs religieux, ses temples et ses élites. Toute communauté de foi, qui ne prêchent pas la violence et le sectarisme, doit bénéficier du respect et de la liberté de prédication. Les Empires musulmans qui avaient modelé la surface du monde géographique, culturel, scientifique et politique n’avaient exercé que deux monopoles : l’armée et la politique. Le droit relevait du privé, la religion relevait des savants et des pédagogues, la langue arabe s’imposait par sa vitalité intrinsèque et par la compétence de l’État et de la société à fédérer les autres peuples. Les Califes avaient le contrôle direct de la fiscalité pour budgétiser l’État, l’armée et la solidarité nationale. La vocation de l’État civilisé est d’apporter les garanties de liberté, les moyens de défense et les conditions de prospérité. La définition de l’État, son organisation et son fonctionnement changent en fonction des conditions sociales internes ainsi que des conditions géopolitiques externes. Ce qui ne devrait pas changer, sur une longue période, c’est la vocation civilisationnelle, l’appartenance à une aire culturelle, la langue.

L’Islam Dine Allah, personne n’est autorisé à le confisquer où à le modeler selon ses critères singuliers et éphémères, politiques, culturels ou idéologiques et encore moins à le réduire à une géographie, une ethnie ou une époque :

إِنَّ الدِّينَ عِندَ اللّهِ الإِسْلاَمُ

{Certes, le Dine fixé par Dieu est l’Islam.} 3 -19

La lutte idéologique, la faiblesse linguistique et spirituelle des traducteurs ainsi que le sectarisme confessionnel des « musulmans » nous font croire que le Dine est la religion de Dieu alors que l’Islam est l’ensemble de nos rites sunnites. Le Dine est le cadre d’existence que Dieu a fixé aux hommes : ce cadre est immuable car les lois de l’existence sont immuables dans ce cosmos et ce jusqu’à la fin du monde. L’Islam est sémantiquement avoir la foi, donner crédit, avoir confiance, s’en remettre totalement à Dieu en observant les chemins qui mènent à la foi, au savoir, à l’éthique. L’Islam c’est la foi monothéiste, le bon comportement et la morale qui ne peuvent changer selon la culture, la géographie ou l’ethnie. Ce sont le caractère universel de l’homme. Jamais l’homme ne pourra se prévaloir d’une guerre de religion, d’une vérité absolue inventée ni d’une philosophie totalitaire. L’Islam c’est aussi être en paix avec soi-même par la cohérence, être en paix avec les autres par la coopération et la solidarité, être utile par l’œuvre de bien et le savoir qui apporte la lumière et met fin à l’obscurité. Le rite est religieux dans le sens d’agrégation psycho sociale d’une communauté de gens partagent la même spiritualité et les mêmes rites.

Sur l’Arabe est langue nationale et officielle. Ce sont des conditions historiques et religieuses qui ont fait que nous nous considérons Arabes. Nous sommes des Berbères arabisés par l’Islam (foi), arabisés par la langue commune, arabisés par la quête d’identité dans notre lutte contre la politique d’assimilation du colonisateur. Nous sommes arabisés par l’appartenance à un idéal civilisationnel.

Sommes-nous des Arabes au sens ethnique ? Non ! Sommes-nous des berbères au sens ethnique ? Non ! Nous sommes des Algériens portant le génie et les tares des autochtones berbères venus du Yémen, des comptoirs commerciaux des Phéniciens, des colonies romaines, des Arabes, des Turcs, des Français, maltais, espagnols et italiens.

Nous sommes le symbole de notre identité adamique : issus de terre poussiéreuse des quatre coins de la planète comme tous les humains peuplant la Terre : rouges, blancs, noirs, jaunes avec des caractères de dureté, de mollesse, de finesse, de malléabilité, de perméabilité, d’imperméabilité et de tous qualificatifs métaphoriques de glorification ou d’avilissement.

Nous sommes aussi le désir de Dieu que personne ne peut nier ou réfuter à moins de sombrer dans la barbarie et le nihilisme :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اجْتَنِبُوا كَثِيرًا مِّنَ الظَّنِّ إِنَّ بَعْضَ الظَّنِّ إِثْمٌ ۖ وَلَا تَجَسَّسُوا وَلَا يَغْتَب بَّعْضُكُم بَعْضًا ۚ أَيُحِبُّ أَحَدُكُمْ أَن يَأْكُلَ لَحْمَ أَخِيهِ مَيْتًا فَكَرِهْتُمُوهُ ۚ وَاتَّقُوا اللَّهَ ۚ إِنَّ اللَّهَ تَوَّابٌ رَّحِيمٌ (12) يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَاكُم مِّن ذَكَرٍ وَأُنثَىٰ وَجَعَلْنَاكُمْ شُعُوبًا وَقَبَائِلَ لِتَعَارَفُوا ۚ إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِندَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ ۚ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ

{O vous qui êtes devenus croyant ! Evitez de trop conjecturer sur autrui : il y a des conjectures qui sont des péchés. Ne vous espionnez pas ! Ne médisez pas les uns des autres. L’un d’entre vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? Non, vous en auriez horreur ! Prenez garde à Dieu ! […] O vous, les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez mutuellement. En vérité, le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est le plus vertueux } [49:13]

L’Algérie traverse une période cruciale qui met en péril son existence, mais les insouciants –islamistes et islamophobes – se livrent une bataille idéologique et s’utilisent mutuellement contre l’Armée et Gaïd Salah. Ce sont des imbéciles insensés qui se prennent comme la grenouille de la fable : gonflés à bloc jusqu’à exploser. Dans leur rage, ils se focalisent sur la langue au lieu de se focaliser sur les idées et les méthodes.

Lorsque j’entends les Arabisants islamistes et non islamistes diffamer les francophones, je suis écœuré, car je sais d’une part que derrière ce qui semble être une lutte idéologique est en réalité une lutte pour la rente, les uns veulent la conserver pour leur usage exclusif, mais les autres veulent l’arracher par la délation et la mesquinerie. Si les laïcistes sont contre leur pays pour des raisons idéologiques, les islamistes sont contre la pensée et la liberté d’expression par leur complexe et leur indigence à produire de la pensée politique. Chacun s’estime héritier pour assumer la tutelle sur un peuple, qui pourtant ne veut plus être caporalisé, mais personne ne veut aller à l’arbitrage des urnes et à exercer des responsabilités politiques sans instrumentalisation de la religion ou de la culture. Ils sont, les uns et les autres, aussi indigeste qu’un haricot sec.

Comme des cocottes minutes coincés, ils nous proposent l’anglais (l’américain) comme langue à la place du français et menacent de boycotter les manuels scolaires et de fermer les écoles à la rentrée scolaire. Ils prennent en otage les enfants algériens, certes victimes d’une arabisation mal faite, et d’une francisation menée par haine idéologique pour le compte des intérêts culturels de la France. L’alphabétisation, la didactique, la pédagogie, la production intellectuelle, la diffusion des savoirs, la mise en réseau de la théorie et de la pratique, les passerelles entre les filières et les métiers et mille autres problèmes de l’enseignement et de l’éducation sont occultés par incompétence et ego narcissique.

Les Arabisant et les islamisant n’ont jamais fait l’effort de s’interroger sur leur incapacité à diffuser l’Arabe et l’Islam. Ils ne se sont jamais poser la question sur le pourquoi du refus des francisant et des laïcs algériens envers l’arabité et l’islamité. Ils n’ont jamais eu le courage de se voir comme épouvantails qui repoussent les autres, ni l’audace de l’analyse critique des expériences nationalistes et islamistes dans le monde arabe. Il doit bien y avoir une raison objective à leur échec culturel, social, politique et idéologique face à leurs adversaires ?

Réciter de la poésie médiévale, se comporter selon un formalisme vestimentaire étranger, adopter un salamalec de conformisme social, s’enfermer dans un juridisme traditionnel, ne permet ni de configurer une lutte ni de gagner la bataille. Si l’ancien premier ministre Sellal avait de la considération ou de la crainte envers les arabophones et les islamistes, il n’aurait jamais étalé ses inepties au grand jour. Bouteflika, Ouyahia et leurs ministres n’auraient jamais sapé l’école algérienne et détruit l’Islamité et l’Arabité proclamés comme constances de la Nation (Thawabate wataniya).

Les déficients veulent nous engager dans l’accumulation des déficits : déficitaires en langue arabe, déficitaires en langue française, déficitaires en langue anglaise. Ce n’est pas ainsi qu’on efface la honte et la tragédie de la colonisation. Ce n’est pas ainsi qu’on appelle du pied les Américains. Il faut d’abord disposer d’une ingénierie pour concevoir et mettre en œuvre un projet de libération et de civilisation. Ensuite, il faut arrêter de jouer sur l’affectif et la narrative.

Que dit la Constitution algérienne dans son Chapitre 1 sur La berbérité ?

Art. 4 — Tamazight est également langue nationale et officielle. L’Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national. Il est créé une Académie algérienne de la Langue Amazighe, placée auprès du Président de la République. L’Académie qui s’appuie sur les travaux des experts, est chargée de réunir les conditions de la promotion de Tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue officielle. Les modalités d’application de cet article sont fixées par une loi organique.

L’Article 4 vient après l’article trois. Dans tout document juridique, il y a prééminence de certaines dispositions par rapport à d’autres selon les principes du parallélisme ou de la hiérarchie des références ou des textes.

Comme si les Algériens étaient des tarés ou comme si les « patriotes acceptaient le leurre juridique » en contrepartie de rentes, on feint d’ignorer que la loi organique est, dans la hiérarchie des normes juridiques, placée en dessous de la Constitution mais au-dessus des lois ordinaires. Le flou total a été bien entretenu. Que faisaient nos experts en langue française, en droit, en expertise et en géopolitique avant de sévir sur les plateaux de télévisions et sur YouTube et les 150 titres algériens pour décrypter fallacieusement la situation politique en Algérie ?

Nos experts des Droits de l’homme tous issus des facultés de droit et praticiens avocats savent quelle priorité donner à un article de droit par rapport à un autre. Ils ont été défaillant ou complices ?

Nos grands-parents prononçait Bou Gateau ou Abou Gateau pour l’avocat dont le sens étymologique, Abogado, signifiait celui dont la vocation est de venir porter secours à celui qui l’appelle. Les pauvres en général n’ont pas les moyens financiers ni l’appui médiatique pour appeler au secours. Les Rois d’Espagne se faisaient appeler les Abogado qui répondaient aux traitres musulmans avides de pouvoir ou aux Chrétiens qui ne voulaient plus vivre sous le « joug » des sultans de l’Andalousie. C’est une tradition bien connue et d’ailleurs dénoncée par Voltaire le libre penseur.

Nos juristes montent à l’assaut du pouvoir au lieu de faire des propositions sur l’indépendance de la Justice en proposant par exemple la mise à égalité sur le plan institutionnel, policier et procédurier, l’accusation et la défense. Personne ne s’inquiète de l’avenir du pays, chacun défend sa rente et vise ses objectifs et pointe sur l’Armée algérienne lui faisant endosser toutes les responsabilités afin de l’intimider et de la pousser au « compromis historique ».

La langue berbère n’est pas en situation de prééminence constitutionnelle sur la langue arabe. Le pouvoir depuis octobre 88 à la date de démission de Bouteflika n’a fait que céder formellement sans aller à la rupture qui l’aurait mis en situation de conflit brutal avec le peuple algérien. Il avait ménagé la chèvre, le loup et le chou pour se retrouver fatalement dans un hybride génétique aussi stérile que le mulet sans en avoir la capacité de charge. Le destin prend toujours des formes dramatiques pour réveiller les consciences et révéler les inconsciences.

La Langue arabe n’est pas en opposition avec le dialecte berbère ni avec le Français. Nous pouvons parler et écrire en n’importe quelle langue selon la belle expression de Mouloud Mammeri : « Hannibal a conçu sa stratégie en punique ; c’est en latin qu’Augustin a dit la cité de Dieu, en arabe qu’Ibn Khaldoun a exposé les lois des révolutions des hommes. Personnellement, il me plaît de constater dès les débuts de l’histoire cette ample faculté d’accueil. Car il se peut que les ghettos sécurisent, mais ils stérilisent, c’est sûr ».

Pour des raisons que j’ignore, Mouloud Mammeri a été projeté comme étendard du berbérisme. Pour des raisons que je sais, le berbérisme et l’islamisme comme tous les « ismes » sont des nuisances sociales, des sophismes intellectuels, de l’indigence culturel et des infantilismes politiques. Ils sont, selon l’expression de Malek Bennabi, le pile et le face de la même fausse monnaie. Non seulement ils sont réducteurs, mais destructeurs. Non seulement ils ne représentent pas la réalité et la vérité, mais ils sont la fausse et illusoire représentation de la société et de l’histoire qu’ils projettent comme des faux savoirs sur un peuple ignorant, mais en quête d’identité, de gloire, d’avenir à qui on peut raconter des mythes.

Les démographes et les linguistes sont unanimes pour constater la disparition ou l’appauvrissement d’une langue lorsqu’elle est mise en compétition avec une autre langue.

Si les Berbéristes veulent réellement promouvoir la langue amazighe comme langue vivante, il faudrait la sortir du ghetto idéologique, la promouvoir comme langue des sciences et de la technologie, la libérer des doutes entretenus autour de l’académie berbère supposée être fondée par les zouaves post indépendance : les activistes berbéristes anti Boumediene, les experts de la Sorbonne qui veulent occidentaliser l’Islam (Mohamed Arkoun) et l’ethnologie coloniale pro sioniste (Jacques Bénet).

Il ne faut pas se focaliser sur l’organe (la chose) ni sur les hommes, mais sur les idées qui se tissent partout dans le monde contre l’Islam. Il ne s’agit pas de saper l’Islam dans ses aspects religieux et cultuels au contraire il faut :

  • Dans une première phase les exagérer, les caricaturer et les tolérer s’ils agissent comme réducteurs de la pensée musulmane et comme contradictions au sein des sociétés arabes allogènes dans les pays arabes ou émigrés dans les pays occidentaux.
  • Dans une seconde phase, il s’agit de leur suggérer que le Coran et la langue arabe sont limités par leur historicité et leur géographie et qu’ils ne sont plus aptes à produire de la pensée et du progrès. Une fois que l’hégémonie de la civilisation occidentale est imprimée dans les consciences arabes, il ne leur reste comme choix que de s’inscrire dans la modernité. Il ne s’agit pas de produire les outils modernes des arts, des connaissances et des technologies, mais de nier leur appartenance à l’Arabe et au Coran tout en continuant de se réclamer de l’Islam. En Algérie colonisée, la France coloniale a fabriqué, par son corps enseignant, ses missionnaires, son bureau arabe et ses œuvres de charité, la culture franco musulmane et la politique d’assimilation de l’indigène à l’identité française de seconde zone.
  • Dans une troisième phase, une fois que l’élite indigène a été fabriquée, écrémée et promue, d’en extraire une avant-garde de lutte idéologique contre l’Islam en tant qu’idée de civilisation concurrente et potentiel de libération de l’aliénation culturelle dans une situation où la langue arabe est déjà affaiblie, les mentalités dispersées. Le sionisme, le Vatican et les idéologues vont conjuguer leurs efforts pour faire émerger un islam boudhisant, c’est-à-dire un Islam qui ne cherche pas à s’émanciper de l’hégémonie coloniale ni à chercher à transformer le monde, mais « tolérant », sans vocation de Jihad et sans monothéisme. Toute notre réflexion sera axée sur la correspondance entre l’Islam et la modernité : alignement idéologique, philosophique, culturel et politique sur l’Occident. Nous devenons une coquille vide, un écho des autres. Bien entendu, l’Occident ne va pas investir sur des crétins, mais sur des intelligences vives aptes à s’approprier les concepts et les finalités de l’Occident et à les faire adopter par les intelligentsias musulmanes des colonies ou ex colonies.
  • Dans une quatrième phase, il s’agit parallèlement au refus politique de la démocratie populaire et de la souveraineté nationale d’intensifier et d’élargir la lutte idéologique ; faire avorter toute idée d’Islah (réforme), toute émergence d’idées nouvelles, toute figure indépendante. Nous sommes amenés à devenir des miroirs de l’autre, nous sommes condamnés à cultiver le complexe de pygmalion : voir les figures fabriquées par l’Occident comme étant le summum du savoir et du progrès. Sur cette voie, les grandes figures comme Malek Bennabi seront « défigurées » et occultés au profit des islamologues traducteurs, chercheurs et conférenciers sur l’Islam.
  • Dans une cinquième phase, il s’agit de créer un nouvel Islam, l’Islam français (et ou anglo-saxon) qui va exporter aux anciennes colonies le savoir religieux et les programmes de réislamisation occidentalisé. Tout le lexique, toutes les références historiques, toute la sémantique, toute la grammaire, toute la portée du Coran ainsi que toute la philosophie de la civilisation et la sociologie de nos sociétés seront produits par les laboratoires étrangers. Nous sommes réduits à l’état de consommateur.
    Cette inversion n’est pas nouvelle, elle avait commencé par les savoirs encyclopédiques des exégètes musulmans qui s’imaginaient pouvoir interpréter ou expliquer tout le Coran avec les outils limités de la raison humaine et des instruments imparfaits de la connaissance de leur époque. Pour dépasser leurs limites, ils ont excellé dans l’effort mimétique des Grecs, des Perses, des Juifs et des Chrétiens introduisant ainsi des notions étrangères et parfois contraires à l’esprit coranique. Les traducteurs orientalistes et les philosophes des religions ne sont pas allés aux sources coraniques, mais aux livres de l’exégèse qu’ils ont étudié et amplifié les erreurs et les contre sens. Les islamologues arabes et maghrébins ont suivi le même chemin accentuant le biais intellectuel et renforçant la lutte idéologique contre le Coran : ils ne traduisent pas à partir du Coran en faisant l’effort d’interprétation, en cherchant des périphrases ou en fabriquant des néologismes plus aptes à rendre le sens actuel à la lumière des connaissances actuelles. Ils se contentent de reformuler le style et de recourir à des synonymes sans corriger, sans actualiser. Dans les Mosquées, les Imams lisent des textes traduits déboités de leur contexte, sans maitriser la langue arabe et la langue française. Ils colportent de la désinformation et des fables.
    Les mouvements islamiques gesticulent et ne sont pas prêt à livrer bataille. Dans leur déroute idéologique, ils plongent corps et âme dans les anciens savoirs, les fausses querelles, les fausses priorités et les faux défis. Bien entendu, ils se présentent comme les défenseurs de l’Islam comme si l’Islam, Dine Allah, avait besoin de défenseurs. Malek Bennabi avait longuement expliqué que l’Islam se défend lui-même contre les agressions extérieures et les négations intérieures. Ce sont les musulmans et les hommes de bonne vertu qui ont besoin de l’Islam pour mieux vivre et pour être capable de faire émerger une nouvelle civilisation de promotion de la dignité humaine. Il faut donc inverser la problématique et donner un sens actuel à une vérité effacée par la lutte idéologique de l’Occident et par nos défaillances spirituels et méthodologiques :
  • وَلَن تَرْضَىٰ عَنكَ الْيَهُودُ وَلَا النَّصَارَىٰ حَتَّىٰ تَتَّبِعَ مِلَّتَهُمْ ۗ قُلْ إِنَّ هُدَى اللَّهِ هُوَ الْهُدَىٰ ۗ وَلَئِنِ اتَّبَعْتَ أَهْوَاءَهُم بَعْدَ الَّذِي جَاءَكَ مِنَ الْعِلْمِ ۙ مَا لَكَ مِنَ اللَّهِ مِن وَلِيٍّ وَلَا نَصِيرٍ . Ni les Juifs ni les Chrétiens ne seront contents de toi tant que tu ne suivras pas leur religion doctrine (voie). Dis :  » Certes, la Direction de Dieu est la [seule vraie] direction « . Si tu te conformais à leurs désirs après ce qui t’est parvenu en fait de science, tu ne trouverais contre Dieu ni protecteur, ni défenseur.

Il ne s’agit pas de faire des nous des Juifs ou des Chrétiens, mais de nous insérer dans leur système de représentation du monde, dans leur rapport philosophique aux autres, dans leur hégémonie culturelle. Il s’agit d’une lutte idéologique et non d’un conflit religieux.

Il ne faut pas donc se focaliser sur les organes et les hommes mis en œuvre dans la lutte contre l’Islam, l’Arabe et le Coran. Il faut suivre la question sur le plan des idées. Les hommes et les choses mises en avant ne sont souvent que des leurres et de la diversion. Lorsque on voit Chelghoumi l’imam de Drancy faire son cirque, Ferhat Mehenni jouer son rôle tragi-comique, Malek Chebel parler de symboles de l’Islam (importés du judaïsme), ils ne font qu’occuper un espace médiatique pour bouffer et satisfaire leur quête narcissique de reconnaissance. La lutte idéologique est l’œuvre d’experts qui connaissent nos faiblesses, nos ambitions, nos tares et notre psychologie, leurs agents ne sont pas faciles à identifier, car ils pensent presque comme nous et leur sape ressemble au supplice chinois de la goutte d’eau. Si quelqu’un veut faire œuvre utile, il doit aller au-delà de l’académie berbère et mettre en lumière les intelligences, les doctrines et les modes opératoires de la lutte idéologique ainsi que les actions de résistance à mener pour s’en libérer.

Gaid Salah, l’emblème et les éradicateurs

Nous ne croyons pas nécessaire d’insister encore sur la lutte idéologique qui se déroule en Algérie. Gaïd Salah a remporté une fois de plus la bataille : l’emblème national a dominé, le peuple algérien a dans les faits plébiscité l’ANP et son commandement. Les idéologies sectaires luttent pour leur survie médiatique en se racontant des histoires, la mort politique est achevée.

Dans une manifestation politique à caractère national, les Français, les Américains, les Allemands, toutes les nationalités du monde portent le drapeau national et chantent l’hymne national. En France le premier mai, fête du travail,  les organisations syndicales portent les emblèmes de leur fédération de leurs corporations pour se distinguer des autres dans une démonstration qui relève à la fois de l’héritage culturel latin du port festif des étendards et des emblèmes en vigueur dans les cirques, et du rapport des forces en vue des négociations entre salariés, employeurs et Etat.

Dans tout rapport de force, il y a proposition pour faire avancer le dialogue et trouver une issue négociable et mutuellement avantageuse. Il n’y a que les Algériens qui se comportent d’une manière obstinée et infantile. Si le FLN avait refusé le dialogue avec la France coloniale, l’indépendance aurait été plus couteuse en vie humaine et retardée.

Dans tous les pays du monde, cadres étatiques, les partis politiques, les syndicats, les médias pratiquent (dans l’administration et l’espace public) les signes de la langue officielle : une seule langue. Ils défendent les mêmes symboles fédérateurs, malgré les clivages idéologiques et les oppositions politiques.

Les nationalistes et les islamistes poussent le bouchon en dénonçant l’Académie berbère et en citant les Harkis qui sont derrière. C’est une autre bataille pour faire diversion et ne pas aller à l’essentiel.

Personnellement, je ne crois pas que le problème réside dans la fondation ou non de l’Académie berbère, dans l’invention ou non du drapeau amazigh et si ses caractères sont tifinagh algérien ou hiéroglyphique yéménite, dans les origines ethnologiques de l’Algérien.

Me dire par exemple que les Guanches (Igwanciyen) , autochtones du désert Tenerife des îles Canaries sont mes ancêtres est une curiosité exotique à explorer : nous serions donc originaires de Tin Irifi « endroit de la soif » ou de Tin N Errif  « mont clair ».  Des experts en pharaonité, l’équivalent de la berbérité en Egypte, profitent de notre narcissisme et de notre ignorance pour nous faire croire que dix dynasties de pharaons sont des berbères. C’est exotique, si on fait l’impasse sur la logique : peut-on exporter une civilisation qu’on n’a pas réussi à édifier chez soi ? Peut-on inspirer les anciens égyptiens alors que nous avons le triple profil de guerrier tribal sans état fédérateur, de destructeur de civilisation (Carthage) et de colonisé par les Romains.

La réalité historique et géographique consiste à faire une expédition touristique à partir de Constantine pour aller aux gorges de Rouffi et à remonter sur Ain Zaatout en passant par le plateau de Maafa, puis à emprunter la route nationale reliant le versant des monts du Chelia pour aller de Arris à Chechar via Khenchela. Nous sommes au cœur de la berbérité qui se réclame de l’islamité que les insensés veulent opposer aux Kabyles. Nous sommes dans les vestiges de Ksar Baghai, du djebel Jahfa où avait régné la Kahina. Nous sommes face aux Imadracen, les mausolées numides datant du III siècle av. J.-C. Nous sommes dans les traces des troglodytes que personne n’a daté et que tout le monde laisse à l’abandon et aux ruines. Personne ne peut se réclamer du monopole et de l’exclusive alors qu’il pratique la mauvaise foi et l’ignorance de la géographie de son pays.

L’exigence scientifique et la probité intellectuelle consistent à effectuer des analyses génétiques et nous libérer enfin de ce débat byzantin. Par contre écrire que les Guanches (espagnols) sont les seuls berbères à n’avoir pas été islamisés comme si c’était une fierté nationale ou un gap civilisationnel est une absurdité de chauvin. A force de vouloir être Européens voire Aryens, il nous arrive que ce qui est advenu du corbeau qui voulait être une colombe : perdre son ramage et son plumage.

Peut-on comparer une civilisation qui a régné mille ans sur le monde à une peuplade primitive ? Le syllogisme fallacieux ne compare pas le comparable, mais suggère en opposant les incomparables laissant le soin à l’esprit fasciné de tirer les conclusions fallacieuses. Peut-on se réclamer d’une civilisation disparue ne laissant que des fossiles humains derrière elle sans vestiges historiques, sans langue écrite. Peut-on se réclamer d’une civilisation que les archéologues occidentaux supposent d’origine précolombienne primitive ? Ce sont des peuplades comme nous, sans vestiges sauf quelques tombeaux négligeables devant les traces romaines ou françaises. Le ridicule ne tue pas. Nous sommes des rigolos qui n’ont pas conscience que les « civilisés » nous prennent pour des plaisantins attardés aptes à devenir des instruments de subversion. Ibn Khaldoun avait montré la tare principale dans la décadence puis la disparition d’une civilisation ou d’une idée de civilisation : le chauvinisme de l’esprit tribal. C’est ce même esprit qui a permis aux occidentaux d’utiliser les Arabes pour détruire l’Empire turc déjà épuisé, les Français d’utiliser les Zwawas pour achever les dernières résistances du Titteri en Algérie et se consacrer à la prise de Constantine.

Les Iraniens qui avaient dominé les Grecs, sous Darius, sur le plan civilisationnel n’ont pas eu de complexe non seulement de se réclamer de l’Islam, malgré leurs contentieux doctrinaires et politiques avec les Arabes, mais de conserver le caractère arabe pour véhiculer leur pensée, leurs outils de connaissance et leurs arts. Leur ancienne civilisation a disparu, mais ses traces sur le sol, l’homme et le temps sont encore présentes. Elles tiennent tête à l’Occident malgré le rapport des forces en leur défaveur. En effet ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais les esprits et les consciences.

Personnellement je pense qu’il faut laisser aux historiens le soin de démanteler le vrai historique du faux narratif. L’urgence, la cohérence et l’efficacité consistent à rendre à César ce qui appartient à César.

  • Il faut aller à des élections présidentielles et législatives puis à une révision constitutionnelle. Il y a une règle fondamentale : tout ce qui a été fondé sur le fallacieux et la fiction doit être rebâtie sur la vérité et la réalité. Si nous divergeons sur la vérité et la réalité, le principe démocratique décidera de l’arbitrage par le primat de la majorité sur la minorité.
  • Notre Constitution reste légale, malgré qu’elle soit illégitime, jusqu’à nouvelle Constitution légale et légitime.
  • Les choix stratégiques, d’ordre culturel comme la langue officielle, doivent être débattus comme culturels et dans un cadre culturel compétent sans passion ni instrumentalisation idéologique.
  • Redonner la souveraineté au peuple par voie référendaire : il doit se décider et assumer ses choix en matière de langue nationale et langue officielle : Arabe, Français ou Amazigh. Le peuple algérien, les médias, les civils et les militaires doivent se plier au choix populaire.

Nous allons inévitablement vers une sortie de crise et l’apaisement : les bruits médiatiques seront loin derrière nous comme des inconsistances éphémères sans incidence sur la marche de la civilisation. Etre ou ne pas être civilisé sera la grande énigme. Les ressources et les diplômes ne sont pas la condition matérielle suffisante. Les conditions morales sont par contre déterminantes, elles relèvent de l’ordre psycho affectif, culturel, spirituel. En attendant, le seul et unique Moudjahid de l’ALN est traité de traitre à l’Algérie comme si l’Algérie ne pouvait être berbère que sous la perspective et les critères du berbérisme que les Kabyles récusent par amour de la patrie, par mémoire des sacrifices, par fidélité à la foi.

Omar Mazri, l’Amazigh

Rédaction

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